La première question en ces temps difficiles, c’est comment vous allez ? Comment organisez-vous vos journées pendant cette période de confinement ?
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Guillaume Dupin : « Bonjour, je vais bien. Ma famille et mon entourage proche se portent bien également et c’est bien là l’essentiel. Pour ce qui est du confinement, j’ai gardé mon rythme de travail. Ma femme, infirmière, continue bien évidemment à travailler. Moi, j’emmène le petit chez l’assistante maternelle tous les matins. Cela me permet de démarrer mes journées comme à mon habitude. J’ai toujours dit aux joueurs que quand tout allait bien, il fallait se préparer à affronter une difficulté. Voire être capable de l’anticiper pour qu’elle ne soit pas trop impactante. Qu’il y avait toujours du bon à tirer des périodes difficiles. Et c’est ce qui est en train de se passer. Tout allait bien ; il nous restait deux matchs à gagner sur les sept restants au moment où la pandémie est arrivée et là plus rien! Mais plutôt que de me désespérer sur la situation, je profite du confinement pour faire des choses pour lesquelles je manque justement de temps pendant la saison. Par exemple, terminer une formation de préparateur mental, suivre des cours d’anglais, construire des tableurs statistiques pour analyser plus en profondeur le projet de jeu et les performances individuelles avec des retours objectifs chiffrés. Avec les joueurs, nous avons entamé également un travail de simulation motrice. Il a en effet été démontré, dans le domaine des neurosciences, qu’imaginer un mouvement activait les mêmes zones motrices et somatosensorielles du cerveau que la réalisation pratique de ce mouvement. Cela permettra aux joueurs de garder certains automatismes à la reprise de l’activité. Enfin, je profite aussi bien évidemment du confinement pour préparer l’année prochaine et le recrutement. »
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Justement, c’est désormais officiel, Angers SCO Handball monte en Proligue. Quels sont les sentiments qui vous habitent ?
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GD : « D’abord, celui du travail accompli évidemment. L’objectif a été atteint ! Mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir aussi une certaine frustration. La frustration de ne pas pouvoir partager cette joie avec le public, les partenaires, les adhérents. J’aurais aimé en particulier pouvoir féliciter et remercier pour leur investissement les joueurs que nous ne gardons pas dans le projet. Mais cette montée n’est qu’une étape. La première du projet Angers SCO handball ! Donc, on doit se pencher dès à présent sur l’année prochaine qui est une seconde étape tout autant importante. »
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Pour revenir sur la saison écoulée, vous pouvez nous la résumer en quelques temps forts ?
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GD : « Nous avons connu bien évidemment des hauts et des bas. Avec deux défaites pour commencer ! On savait que notre début de championnat pouvait être compliqué avec un effectif largement remanié durant l’intersaison. Mais on savait aussi au fond de nous, les joueurs, le staff, qu’on avait les qualités pour redresser la barre. Durant cette période, on a également dû faire avec le départ d’Achref Kheder, après le premier match. On s’est donc mis rapidement à la recherche d’un remplaçant qu’on a trouvé avec Darko Georgievski. A partir de notre premier succès à Vernon contre une grosse équipe comprenant des joueurs de grande qualité, nous avons enchainé 10 victoires d’affilées – coupe de France comprise. Ce qui nous a permis d’être deuxième à la mi saison en ayant battu tous nos concurrents directs pour la montée dont trois chez eux et de disputer un match important pour le handball régional contre Nantes en coupe de France. Pendant la préparation de la deuxième partie de saison et alors qu’on avait déjà fait un grand pas vers la Proligue, nous perdons un deuxième joueur, Jennyferson Fortune. Sans que cela ait trop d’impact. Au contraire, je pense que ces différents départs ont permis de souder le groupe. Après une trêve d’un mois, on savait l’importance de la reprise du championnat mais nos débuts n’ont pas été aussi fructueux que ce que l’on espérait. Mais bon, nous on se bat avec une intégrité financière. Parmi les bons moments de cette saison, il y a bien évidemment notre dernière victoire à Pau. Comme celles à Vernon, Grenoble ou Sarrebourg, elle a démontré que tout le monde était prêt à se battre pour le copain d’à côté à jouant avec coeur et plaisir. Sur ce point-là, je suis fier des joueurs et de ce qu’on a réussi à construire. Ce sont des gars avec de belles valeurs. On termine donc deuxième, à égalité de points avec le premier Gonfreville. On est surtout la première équipe VAP donc les premiers avec le statut VAP nous permettant donc d’atteindre la Proligue avec trois points d’avance sur Sarrebourg (autre accédant) et sept sur Caen. »
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Vous dites que Gonfreville est premier, mais c’est pourtant Vernon qui apparaît en tête du classement…
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GD : « Je considère Vernon comme rétrogradé en N2. Quand on ne respecte pas l’éthique financière et que l’on met un club, des salariés, des joueurs, des coachs en péril, on doit être sanctionné. Ce qui a été fait par la CNCG. L’éthique n’étant donc pas respectée, il n’est pas possible de considérer leur place au classement. Comme je l’ai déjà dit, je suis ravi de travailler dans un club qui a des valeurs et qui avance avec ses moyens, step by step. »
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Donc maintenant comment préparez-vous l’année prochaine ?
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GD : « Pour l’instant, on ne peut malheureusement rien planifier. On attend plus de précision de la LNH qui se positionne sur une reprise… entre fin août et début octobre ! Par contre, nous avançons sur le recrutement. »
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Vous avez déjà des annonces à faire sur les joueurs non gardés ou sur le recrutement ?
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GD : « Pour le moment, je ne vous dévoilerai pas de recrues ou de prolongations ainsi que des joueurs non gardés. Cela s’effectuera après les premières signatures dans les semaines qui arrivent. Par contre, j’ai des orientations. C’est dans l’ADN de l’entité SCO de trouver, dénicher des joueurs pas forcément expérimentés mais avec un fort potentiel. Des joueurs qui progressent et se transforment en faisant progresser le club. A l’exemple d’Andrea Parisini. Arrivé d’Italie, un championnat encore mineur (mais en développement), Andrea est en pleine progression ces dernières années. Il avait certes un vrai potentiel, mais aussi une grande exigence envers lui-même. C’est un joueur qui bossait énormément et qui a entrainé du monde avec lui. Il a franchi avec succès toutes les étapes pour être aujourd’hui un bon pivot de Lidl Starligue. Voilà donc l’idée de base de notre recrutement. Recruter des joueurs qui ont cette capacité d’exigence du haut niveau. Certains ne sont pas faits pour ça ! Mais cela dépend évidemment aussi du fait qu’un joueur expérimenté et de bon niveau n’est pas au même tarif. Nous fonctionnons avec les moyens que nous avons. Ces challenges sont palpitants. »
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Pour être plus précis, vous avez des recherches spécifiques sur tel ou tel profil de joueur ?
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GD : « Pour ce qui est des besoins par poste, nous sommes prioritairement à la recherche d’un arrière droit gaucher qui défend ou qui a le potentiel pour devenir un bon défenseur. On cherche aussi des joueurs de base arrière, bons shooteurs de loin et capables d’intégrer un projet défensif avec du volume, des pivots avec la même capacité défensive et des compléments de qualité sur les ailes et dans les buts. La marche entre la N1 et la Proligue est très haute et il est donc très important d’enrichir notre effectif. Ceci étant, nous ne chamboulerons pas tout car on doit garder une base forte. Le groupe qui a vécu cette année a fait preuve d’une grande cohésion et celle-ci doit rester présente pour notre future année. »
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C’était votre première année de travail avec votre nouvel adjoint Issam Tej. Une montée en Proligue, quelle réussite ?
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GD : « Issam a effectivement été une pièce majeure de cette réussite. En particulier en sachant transmettre son expérience du très haut niveau et son esprit de gagneur au groupe. Sa fougue, sa bonne humeur, son entrain ont apporté de la vie et de l’animation, aussi bien aux entrainements que lors des matchs. Son travail tactique et son analyse vidéo des adversaires ont permis de développer notre projet de jeu avec cohérence. Au-delà du choix de recruter Issam, notre volonté d’étoffer les différents staffs s’est également avérée payante et fait partie intégrante de notre réussite. Leur travail a été la pierre angulaire du bon fonctionnement du groupe et de l’exigence demandée aux joueurs. Je tiens sincèrement à les remercier, tous : Issam Tej (entraineur adjoint), Ronan Baunez (analyste vidéo), Jérôme Gaudinau (planification préparation physique), Guillaume Mouret (prophylaxie – cohésion groupe), Hugo Leboucher, Loann Delage, Romain Morrisseau, Julien Fleuret (préparateurs physiques), Marine Mauduy, Justine Bouet (réathlétisation), Stéphane Renon Stéphane, Damien L’Hotellier, Marielle Michelat (médecins), Xavier Sauvetre, Stéphane Tessier (kinésithérapeutes), Yannick Lecomte (intendance), Lydie Offe (déplacement – camérawoman), Robert Poirrier (déplacement). Quand je vois la cohésion de groupe, tous en sont responsables et notamment Guillaume Mouret qui est en charge de cette partie-là et qui nous a trouvé bon nombre d’activités permettant d’en arriver là. Je pense que cet aspect est indispensable dans notre construction de groupe. Sans un groupe uni par les mêmes valeurs, on ne peut être performant. Encore merci à tous en sachant que la plupart sont bénévoles et ou stagiaires et n’ont pas compté leurs heures. Sans eux, on ne pourrait pas atteindre la recherche de performance. Dès la saison prochaine, les staffs vont être remaniés et renforcés. Pour que tous soient orientés vers les exigences du haut niveau. Tout comme nos infrastructures. Elles doivent être en lien avec le sport professionnel. On a besoin de tout ça pour continuer à passer les étapes que l’on s’est fixées. »
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La salle commençait à se garnir de match en match. Cette coupure n’entrainera-telle pas un coup d’arrêt ?
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GD : « Même si j’étais bien sûr réellement satisfait de voir les spectateurs et les partenaires venir de plus en plus nombreux, je pense que ce n’était qu’une étape, que la dynamique n’était pas réellement lancée. Jean Bouin doit redevenir un chaudron et une place forte du handball comme il l’a été dans les années 2000, quand le club était au plus haut niveau. Pour retrouver cet engouement autour du hand et de notre équipe, pour pouvoir compter sur ce 8ème homme qui peut faire basculer les résultats en notre faveur, nous nous emploierons évidemment à produire toujours plus de spectacle sur le terrain tandis que Corentin Picard, notre commercial, s’attèlera (et s’attelle déjà) à créer des animations autour des matches pour qu’on offre aux spectateurs un show complet ! »
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Mais quand est-ce qu’auront lieu vos matchs la saison prochaine ?
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GD : « La réglementation de la Proligue fait que nous devons jouer le vendredi soir. Sur le où et comment voyez ça avec mon président. La dynamique partenariale enclenchée sera plus aisée à développer en semaine car nous ne bloquerons pas leurs différents week-end familiaux. Nous devrions voir également apparaitre de plus en plus d’étudiants car le handball reste un sport dynamique, engagé et moderne.
Pour conclure, si j’ai déjà remercié les staffs techniques pour leur grand professionnalisme, je voudrais bien évidemment féliciter les joueurs. Car c’est eux qui font la différence sur le terrain. Et tout ce qu’on met en place n’a qu’un objectif, que les joueurs soient performants. Je voudrais également associer à ses remerciements tous ceux qui participent aussi à leur façon à cette dynamique. Les spectateurs qui nous ont soutenus tout au long de cette saison. Les partenaires institutionnels et privés, indispensables à notre développement. Sans oublier les deux présidents d’Angers SCO Handball qui me font confiance pour porter ce beau projet dont cette montée n’est que la première étape. »
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